Fabrice OVAERE

54 ans

Marié – 1 enfant (9 ans)

Depuis combien de temps faites vous de la magie ?

J’ai commencé la magie dans les années 1990 avec les K7 de Bernard Billis puis celles de Michael Ammar : ce fut le premier épisode. Cela m’a permis aussi de croiser le vénérable Thony San quand j’étais sur Orléans. Une grande amitié était née. Malheureusement, mon métier a souvent entrainé des pauses dans la pratique. Deuxième épisode au début des années 2000. Je m’étais même inscrit au CMP, en 2003 si je ne me trompe pas, mais je n’ai pu en faire qu’une seule année. Puis troisième épisode, quand j’ai testé une disparition/réapparition d’objet (d’une technicité affligeante) devant mon fils qui avait alors 6 ans. L’effet que cela a produit dans ses yeux m’a incité à revenir vers à la magie. Je me suis alors remis à fréquenter les magasins de magie. J’y ai rencontré Benji qui m’a alors débauché invité au CMP. Tous ces épisodes font de moi un débutant à répétition.

Qu’est-ce qui vous a amené à la magie ?

Mon père était un joueur de belote et de tarot. Il connaissait quelques tours de cartes, sans prétention, mais dans mes yeux d’enfants, cela tenait du miracle…. Avec lui, j’ai donc appris à aimer les jeux de cartes, jeux de dés et autres jeux de bistrot pratiqués dans mon enfance. J’aimais ces tours de magie qui s’improvisaient sur les comptoirs (capsules de bière, papier à cigarettes, sucres, bouchons de liège…). C’étaient souvent des prétextes à boire ou à se faire payer à boire (toute peine mérite salaire). Le souvenir de ces tours et défis de mon enfance a certainement orienté mes goûts pour la magie rapprochée.

Qu’est-ce qui vous plait dans la magie ?

C’est la réaction suscitée auprès du spectateur par le magicien : des yeux qui s’illuminent, la banane qui s’esquisse sur les lèvres, les émotions qui apparaissent sur le visage….  Pour moi la magie est vraiment là : donner à une personne une parenthèse d’oubli des tracas du quotidien au profit d’instants de poésie ou d’humour.

Quel type de magie faites-vous ?

Débutant multi-récidiviste, je me suis toujours orienté vers ce que l’on trouvait dans les K7 ou les DVD. C’étaient donc principalement des cartes et du close-up. Avant, je n’aimais pas la scène, à tort, car j’assimilais la scène aux grandes illusions. En fait, ce sont les grandes illusions qui ne me bottent pas. Avec le CMP, j’ai appris à aimer la scène (c’était même un défi personnel pour mon passage d’entrée). Il est cependant plus facile pour moi, en raison des logements exigus parisiens, de pratiquer le close-up, voire du salon…. J’aime aussi les arts annexes, mais je n’ai pas assez de temps pour les pratiquer (sculpture de ballons) ou simplement pour m’y lancer (ventriloquie, ombromanie, chapeaugraphie…).

Quel autre métier faites-vous ? (Pour ceux qui ne vivent pas de la magie)

Amateur, je ne vis pas de la magie. Je partage cette passion entre ma vie de famille et mon métier très prenant. En effet, je suis chef de projet informatique au ministère des armées. Avec une mobilité forte et un emploi du temps chargé, il n’est pas toujours facile de trouver du temps pour une passion. Heureusement, j’ai une épouse compréhensive qui me soutient et qui me libère du temps dans la vie familiale.

Vos plus belles rencontres dans la magie ?

Ma plus belle rencontre, c’est celle avec Arthur TIVOLI. J’avais acheté ses 3 K7 VHS sur la sculpture sur Ballon. J’avais adoré. Un jour, j’étais dans un magasin de magie rue du Cherche-Midi (Comme par Magie : ce magasin n’existe plus aujourd’hui, ça date !). Et il était là. Je l’ai abordé et j’ai discuté avec lui. Il a été adorable et il m’avait invité au tournage de son premier DVD de magie (je ne sais même plus où c’était). Cette rencontre m’a profondément marqué et touché. Il ne se souvient certainement plus de moi mais il est entré dans mon cœur à tout jamais.

Plus récemment, j’ai découvert Valérie et Gilles Mageux. J’ai apprécié les côtoyer lors de la conférence quick change (fantastique) chez Magic Dream ou de la soirée de présentation (une montagne d’émotions) Christian Fechner au local de la FFAP. Ce sont de belles personnalités que l’on aimerait voir plus souvent.

Vos artistes préférés ?

Je suis un grand fan de la magie espagnole. Avoir pu assister aux conférences de Juan Tamariz et de Dani Da Ortiz reste parmi mes plus beaux souvenirs. Je les apprécie tant pour leurs pédagogies que pour leur talent d’« entertainers ».

J’aime aussi beaucoup Bernard Billis et Michael Ammar qui m’ont initié à travers leurs K7 VHS (il n’y avait pas encore de DVD à l’époque).

Plus proche de moi, j’ai beaucoup d’estime pour les membres du CMP qui chacun à leur façon nous montrent des voies à suivre. Je ne pourrais tous les citer mais ils se reconnaitront dans ces catégories :

  • Les créateurs : ceux qui fabriquent tout de leurs propres mains ;
  • Les pédagogues : ceux qui sont toujours là pour vous enseigner une routine ou une manipulation ;
  • Les comédiens : ceux qui par leur talent de comédiens ou de metteurs en scène, arrivent à transformer une simple histoire en un pur moment de merveille et d’émotion.

À tous les membres du CMP, je leur dis MERCI pour me faire découvrir le vrai métier de magicien.

Vos autres passions ?

Multiples et diversifiées, mes autres activités de loisirs ont évolué au fur et à mesure des possibilités offertes par mes différentes mobilités professionnelles. Dans l’activité physique, c’est d’abord l’équitation avec du saut d’obstacles. Puis, de la danse, beaucoup de danses…. Surtout des danses swing (rock, lindy hop, boogie…). En danse sociale ou avec une troupe… Avec la danse swing, c’est la musique swing, le jazz de Count Basie, Duke Ellington, d’Ella Fitzgerald… La musique m’a entrainé vers la pratique d’un instrument en amateur : l’harmonica. Je me suis initié au blues avec l’harmoniciste Greg Zlap (un musicien extraordinaire) mais c’était trop bruyant pour les appartements parisiens. J’ai trouvé l’instrument idéal avec le ukulélé qui m’apporte beaucoup de plaisir et d’amusement.

Je suis aussi un grand adepte des massages, notamment ceux qui puisent leurs origines en Thaïlande. Je me suis formé dans ce beau pays au massage traditionnel (Nuat Boran), au massage par les pierres chaudes ou aux œufs, au massage par le feu (Yam Kang), au massage par les pieds (Chavutti Thirumal, origine indienne mais enseigné en Thaïlande), au massage au marteau et au burin (Tok Sen), au massage aux herbes (Luk Pra Kob), …. De bien belles expériences qui m’ont permis de rencontrer un pays magnifique et des gens exceptionnels.

L’avenir de la magie ?

La période de crise sanitaire que nous traversons n’offre pas de belles perspectives pour la magie, ou du moins pour la magie que j’aime, celle qui offre des interactions avec un public, celle qui permet de voir les émotions sur le visage du spectateur. La magie essaie de se renouveler sur les réseaux sociaux mais cela n’a vraiment pas le même charme. J’espère qu’elle saura revenir dans le spectacle vivant, certes avec toutes les contraintes qui s’imposent (les angles, la lumière…) mais avec le bonheur aussi de revoir cette étincelle dans les yeux du spectateur quand la magie se déroule dans ses mains. J’espère que cette magie reviendra vite. Elle me manque.

Mais attention : la magie de proximité devra évoluer pour respecter le spectateur dans le nouveau contexte sanitaire : exit le clou dans le nez (le test PCR du magicien ?), exit les cartes à la bouche (sauf pour un test salivaire ?), … Les balloonneurs l’ont compris depuis fort longtemps : ils ne gonflent plus le ballon avec la bouche, surtout s’il faut l’offrir à un enfant. Attention à ceux qui ont les mains sèches : la goutte de glycérine est bien plus efficace et respectueuse qu’humidifier ses mains avec de la salive. En hiver, pour réchauffer les mains, la chaufferette de poche sera beaucoup plus efficace pour les manipulations que le fait de souffler dessus.

Ce sont des nouvelles contraintes qu’il nous faudra prendre en compte pour respecter son public et pour que la profession soit aussi respectée.