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Vincent HALL

Quelle déception cette sacoche de magie trouvée au pied du sapin de mes 9 ans !

Elle arborait pourtant une appétissante couleur rouge cerise, mais ne rescellait que des tours en mauvais plastique sans aucune notice sur l’art magique…

Pourtant, avec Maman aux Trois Quartiers j’avais été fasciné par un magicien et notamment ses gobelets. Mais le Père Noël avait omis de les glisser dans la sacoche… (Je lui en ai voulu longtemps, mais nous nous sommes expliqués une fois que je l’ai rencontré dans un hôpital où je vais régulièrement distraire les enfants).

Heureusement la bibliothèque municipale comportait à côté du rayon Cirque que j’ai dévalisé aussi – biographie de Grock, des Fratellini, livres de Jean Richard… -une belle collection « magie ».

Puis à 15 ans, c’est le frère aîné d’une amie qui m’a ébloui par des tours de cigarettes et de pièces qu’il présentait en toute décontraction. Comme il a senti mon émerveillement et mon vrai intérêt, il m’a prêté son Bobo que j’ai commencé à étudier.

Mais pour apprendre, j’ai besoin de voir, alors assez vite, c’était la panne.  Et benêt, je ne savais où chercher des cours de magie ni même une boutique et malgré de timides réclamations mes parents n’ont pas eu le temps de s’en occuper (pourtant ils n’avaient que ça à faire puisque je n’ai que 4 frères et 4 sœurs !)

J’ai donc pratiqué cahin-caha jusqu’à mes 50 ans il y a 12 ans (Benoît Rosemond spécialiste des chiffres vous donnera mon âge exact si vous n’arrivez pas à calculer !)  Et pour l’occasion ma fratrie a fait venir un magicien qui m’a donné envie de m’y remettre sérieusement.

Plus ou moins régulièrement pendant 3 ans j’ai pris des cours avec Quoc Tran Tian qui gère la boutique Mayette et est un excellent pédagogue.

Puis j’ai ressenti le besoin d’échanger avec d’autres apprentis, et non sans appréhension et des mois après avoir trouvé les coordonnées du CMP je me suis décidé à en pousser la porte…

Sans aucune flagornerie, je veux ici rendre hommage à ceux qui ont particulièrement compté alors : trois personnes qui m’ont accueilli les premières semaines avec beaucoup de gentillesse et de simplicité et qui mettaient à l’aise les nouveaux venus : Benji et Bordini qui assistaient à tous les cours et faisaient le lien entre les différents intervenants et Max très présent également et partageant tous ses secrets. Tous encourageaient inlassablement les stagiaires, et c’est précieux.

Précieux aussi mon parrain de magie : Henry Pou qui a pris le temps de me conseiller, de me faire répéter mon examen et de créer un lien d’amitié solide, même s’il est odieux et que je le déteste. J’en profite pour suggérer que ce rôle de parrain soit davantage mis en avant auprès des stagiaires qui devraient le choisir plus tôt dans le cursus et le mettre à contribution pour l’examen.

Et puis Coco qui œuvre tellement pour les cours et Fabrice Baudry qui bousculait les stagiaires et savait aussi les protéger lorsqu’ils osaient passer sur scène lors des soirées générales et que certains cherchaient à les déstabiliser…

Mon métier : avocat et j’aimerais ne pas le quitter sans avoir fait une plaidoirie muette ( !) ou y glisser un tour de magie…

Heureux d’ailleurs d’avoir rencontré au club Arnaud, que je déteste autant qu’Henry, et qui est le petit-fils de Maurice Garçon avocat célèbre, académicien et féru de magie.

Les divers projets qui mûrissent depuis très très longtemps et parlent un peu de moi :

– me rendre à pied à Compostelle depuis la Bourgogne sur plusieurs mois, avec comme compagnons de route pour quelques jours – alternativement- mes 5 enfants et les amis qui voudront partager le chemin un moment ;

– terminer une licence de théologie commencée en cours du soir il y a 30 ans (j’ai fait 5 ans sur 7, cela ne sert absolument à rien, mais m’intéresse !) ;

-me rendre à Tandil (Argentine) là où habitait René Lavand un « lentidigidateur » que j’aime tout particulièrement. Cela n’a sans doute aucun intérêt puisqu’il n’est plus là, mais je suis assez fleur bleue !

Evoquer René Lavand (dont au passage on peut signaler que beaucoup de textes ont été rédigés par un de ses amis… avocat) c’est parler de poésie, car au-delà de la technique si parfaite, on se trouve embarqué dans des récits pleins d’humanité. Il est vrai que comprendre l’espagnol aide à goûter cet aspect du spectacle.

D’autres magiciens importants à mes yeux dont je suis surpris que parfois les plus jeunes ignorent tout (et que je peux aussi regarder en boucle pour tenter de comprendre les techniques, ce qui est assez formateur) : Fred Kaps et sa désinvolture à la Cary Grant, Toni Slydini dont les détournements d’attention sont toujours un régal et Gaëtan Bloom qui représente la fantaisie et la recherche incessante.

Mais il y en a beaucoup d’autres et c’est ça aussi qui me plait dans cet art : chacun se l’approprie à sa façon, si bien qu’une même technique peut générer mille interprétations.